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                         BIBLIOGRAPHIE.                      571
  comment publiés mai? peu connus faute d'une publicité suf-
 fisante. Les plus anciens de ces textes ont tous les caractères
 qui distinguent les langues romanes du latin, et comme ils se
 sont produits dans un pays isolé, à l'abri de toute invasion et
 en dehors de toute influence germanique directe ou indirecte,
 ils prouvent évidemment que les langues romanes ont tiré de
 leur propre fonds, et n'ont pas emprunté aux Germains les
 traits essentiels qui les caractérisent. C'est là un fait impor-
 tant pour tous ceux qui étudient la philologie comparée.
    L'île de Sardaigne , occupée primitivement par des peu-
 plades de race sémitique, puis par des colonies phéniciennes
et carthaginoises, opposa à la domination romaine une résis-
 tance héroïque, deux siècles environ avant l'ère chrétienne.
 Les proconsuls romains, pour metire fin à ces continuels sou-
 lèvements, eurent recours à des moyens tout à fait semblables
 a ceux dont les modernes oppresseurs de la Pologne donnent
aujourd'hui le spectacle à l'Europe indignée. Ils firent enlever
et vendre comme esclaves la population entière de l'île.
    Le nombre de ces malheureux fut si grand que lous les
marchés en furent encombrés, et le mot Sardi vénales (Sardes
a vendre) passa en proverbe et devint synonyme d'une chose
surabondante et de peu de valeur.
    Pour remplacer les populations ainsi déportées en masse,
les Berg et les Mouravieff romains eurent soin de repeupler
le pays avec des colonies tirées de l'Italie méridionale. Le la-
Un devint l'unique langue de l'île de Sardaigne, et on peut
dire qu'il s'y est conservé presque intact jusqu'à nos jours.
En effet le dialecte sarde est resté de toutes les langues r o -
manes la plus voisine de cette souche commune, à tel point
qu'on a pu écrire des pièces de vers qui sont à la fois en latin
assez correct, sinon élégant, et en langue vulgaire telle qu'on
ls parle encore aujourd'hui en Sardaigne. Le livre de M. Au-
guste Bouiiicr nous donne plusieurs spécimens de ces tours
de force philologiques.
    Parmi les documents historiques qu'il nous cite, nous r e -
marquons une'lettre pastorale de Tan 740 en langue vulgaire
servanlen quelque sorte de transition entre le latin ell'italien.
On y trouve déjà tous les caractères des langues modernes
analytiques: l'article, les verbes auxiliaires, en môme temps
que des restes des anciennes déclinaisons : le cas sujet et le
cas régime comme dans la langue d'oc et la langue d'oïl. Ici
se place une question de la plus haule importance que le
livre de M. Boullier aidera sans doute à résoudre: Les lan-