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326 ÎÎAVJGATION A VAPEUR. colonel en second du régiment d'Auvergne, frère de Mmc de Genlis, membre de l'Académie des sciences, auteur d'un ouvrage sur la mécanique. Apres s'être livré à l'élude ap- profondie du mécanisme de la pompe à feu de Chaillol, Jouf- froy conçut le projet d'appliquer le même moteur a la naviga- tion. Il développa son idée devant un petit comité où se tro- vaient Perrier, le maréchal de camp de Follenay, le mar- quis du Crest, le comte d'Auxiron. Perrier présenta dans la même réunion un projet qui différait par le mécanisme et par le calcul des résistances à vaincre; il évaluait la force néces- saire d'après le nombre des chevaux employés pour remor- quer les bateaux, tandis, que Jouffroy soutenait, avec raison, qu'il fallait une force plus que triple en prenant le point d'appui dans l'eau. D'Auxiron et follenay partagèrent cet avis, mais la renommée industrielle de Perrier et celle de Ducrest dans les sciences l'emportèrent sur les raisons du jeune gentilhomme. Le comte d'Auxiron ne cessa de l'encou- rager et lui écrivait en mourant : Courage, mon ami, vous seul êtes dans le vrai (1). Perrier possédait dans ses vastes ateliers tous les moyens de préparer des essais en grand ; la notoriété dont il jouis- sait et la position de Ducrest lui assuraient le concours de l'Académie des sciences, lui facilitaient la formation d'une Société qui se chargeât des frais ; cependant son insuccès fut complet. Jouffroy, sans influence à Paris, se retira dans sa pro- vince et la, plein de foi dans l'avenir de son idée, livré à ses seules ressources, n'ayant d'autre guide que ses études per- sévérantes et d'autres ouvriers qu'un chaudronnier de vil- lage, il parvint en 1776 à construire une m;>chine qu'il adapta (1) Documents communiques par la famille de Jouffroy. — Figuier, ut supra, p. 247-248.