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MONT SAINT-BERNABD. 393 froyables tempêtes qui ébranlent la montagne, surtout pen- dant l'hiver. Le second, beaucoup moins considérable et de forme.irrégulière, s'élève en face du premier, de l'autre côté du chemin et au pied du pic qui est à l'est. Les re- -ligieux en ont fait l'entrepôt de leurs provisions ; au besoin, il sert aussi de logement ; mais il a une autre destination, celle de briser les avalanches qui se précipitent de la mon- tagne : aussi presente-t-il de ce côté un vigoureux éperon. Le troisième bâtiment est un grenier a foin. Enfin, le qua- trième, que surmonte une petite croix, renferme les corps des voyageurs qui ont succombé dans le désert ou sont venus expirer à l'hospice. Une attraction irrésistible me con- duisit, comme tout le monde, vers ce lugubre asile de la mort, et, a travers la grille de fer qui le défend d'une in- discrète curiosité, je promenai un avide regard sur les ca- davres, rangés debout le long des murailles. Il en est qui sont lb, dans cette altitude, depuis plus de trente ans. La rigueur du climat les préserve de la corruption. 11 retiennent dans leur immobilité quelques débris des formes de la vie, et l'on peut encore saisir sur leur visage flétri et desséché comme une ombre des traits qui distinguaient leur physio- nomie. On appelle le pic au pied duquel est bâti ce monu- ment de la mort, le Mont-Morl, et l'intervalle qui le sépare des sommités adjacentes, le Fallon des morts. Au midi e* presque sous les murs de l'hospiee s'étend un petit lac qui complète la perspective de ce col célèbre. Les fraîches eaux qui, partout ailleurs, ornent le paysage ne prêtent a cette cime aride et froide aucune grâce. Le lac du Saint-Bernard est sans couleur ; il ne nourrit aucun être vivant; toujours immobile, même quand il n'est pas glacé, il ne sert qu'à ré- fléchir les mornes objets qui l'entourent. L'église, peu spacieuse, mais suffisante pour l'usage du couvent, est décorée avec magnificence et dans le goût ita-