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DES APTITUDES. 499 Tant d'oeuvres si diverses ne dénotent-elles pas le déve- loppement de l'Art dans sa notion supérieure, je veux dire de l'Art allant puiser ses inspirations dans les croyances les plus hautes, et se mettant au service de la philosophie la plus tendre comme de la plus indépendante ? Evidemment il y a là une double affirmation de l'invisible par le visible ; et tel doit être le vrai sens moral de tous les chefs-d'œuvre et de loutes les bonnes-œuvres de l'homme. Mais que sont les monuments de la matière auprès des mo- numents de la pensée ; et que sont les uns et les autres au- près des artistes et des écrivains de tout ordre qui les conçoi- vent et les exécutent? Personnification glorieuse de l'idéal successif de l'humanité, jalons vivants de la science et de l'art sur la route du temps, ces hommes, par leur double di- rection de siècle en siècle, ne signalent-ils pas et n'expri- ment-ils pas excellemment la somme de vie morale et intel- lectuelle des temps et des lieux qui les ont produits ? Ce n'est pas, il est vrai, que, dans une ville industrielle, toute l'activité se prodiguant à l'extérieur, il fût juste de ré- clamer toujours en preuve de ses aptitudes spéculatives et esthétiques des hommes spéciaux et des œuvres spéciales. Pour être le plus souvent a l'état latent dans ce corps en apparence tout matériel, ces aptitudes n'en existent pas moins en tant que l'esprit général, qui pénètre cette masse, et la fait produire les choses même les plus vulgaires avec goût et raison. Elles sont ainsi comme les pulsations de l'âme, révélant la circulation de l'idéal dans toutes les par- ties de cet être collectif; et c'est cette circulation mysté- rieuse, qui nous donne la raison des préférences du génie lyonnais dans l'ordre scientifique. Rarement donc il cultivera la science métaphysique a l'é- tat d'idée pure; il lui faudra presque toujours, au contraire, qu'elle se produise sous une forme utile et pratique, au mul-