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DES APTITUDES. Ml foi de son cœur, il ne nous resterait plus qu'à le plain- dre ! Ainsi, que l'on se place au point de vue de l'esprit qui raisonne ou de l'âme qui sent, il faut reconnaître que, si l'art reproduit les choses, il exprime surtout l'être, et qu'il est par conséquent l'incorruptible témoin de la persistance de sa vie, de sa foi-et de ses droits à l'immortalité. La science abstraite du vrai, la métaphysique des êtres et des choses se présente ainsi, grâces à l'art, sous les formes les plus variées et les sentiments les plus légitimes; et, si celui-ci est le charme et l'éclat de la civilisation, qui pourrait nier que celle-là en soit la raison et l'honneur? N'est-elle pas le principe de l'activité sociale universelle et le germe de toutes les vertus humaines ? La morale la réclame, de même que le bon sens la salue; et c'est pour cela qu'elle prend rang dans tous les sénats de l'esprit au-dessus même des sciences de la pure matière, comme la loi de la pensée et la maîtresse de la vie. Celles-ci, il est vrai, prétendent bien parfois exclusivement a ce grand titre ; mais qui oserait dire que la science dépend de son objet, que cet objet se circonscrit dans l'étude et l'explication du phénomène phy- sique, et qu'on ne doit sérieusement voir dans Platon et Bossuet que de simples lettrés ? La science philosophique existe du même droit que les sciences, naturelles ; comme celles-ci, elle a ses faits d'expé- rience et ses lois. Mais elle est première de par son objet qui est l'être même ; et, comme l'a dit si justement un des plus illustres penseurs de notre âge : « Il n'y a pas de science qui « ne doive rendre compte a la métaphysique et répondre à « ses questions (1). » C'est ainsi qu'elle se mêle a tout, et qu'elle est le flambeau (1) De Maistre. Soirées, tom. H, p. 324.