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488 DES APTITUDES. de l'homme. Il a beau représenter, en effet, le parti auquel il appartient « comme étant, dit-il, le centre de ralliement, « et portant la bannière du progrès, » il reconnaît sans peine, aussitôt après, que ce parti a dû transformer le matéria- lisme violent de son origine en un spiritualisme fécond, dont le terme, selon lui, sera le catholicisme. « Sans doute, ajoute- « t-il, il n'en est pas encore la; mais il faut qu'il y arrive... « Il doit se retremper dans un nouveau principe et aller « puiser a la source inépuisable, a la source chrétienne (1). » Un tel sentiment de la tendance finale des doctrines po- litiques nous autorise donc à classer M. Morin parmi ces esprits sérieux qui comprennent la largeur de la science sociale aussi bien que ses droits et son prix. C'est par ce point qu'il touche à cette partie des sciences morales, qui m'a donné un accès trop peu mérité dans votre com- pagnie ; c'est aussi pour cela que je me plais à mettre da- vantage en relief le côté philosophique de l'écrivain. Mais la pure théorie n'avait pas suffi a cet esprit actif et convaincu ; il lui avait fallu, il exigeait encore de tous cette rude vie d'efforts continus qui seule la réalise dans les faits sociaux : « Kester indifférent, dit-il, dans les questions « sociales, c'est s'enfermer dans l'égoïsme... Chacun se doit « a tous en sentiments, en pensées et en actes ; nul n'a le « droit de préférer son repos au bien général. L'agitation « qui naît de cette participation des citoyens aux débats.qui « concernent le bien public, les passions qui en naissent, « même les désordres, les excès et les violences que ces « passions enfantent, sont incontestablement préférables a « l'apathie d'un peuple qui se livre saris effusion comme sans « résistance (2), » (1) Bist. de Lyen, p. v. (2) Ibid., p. vj.