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                        ESSAI



  LES DESTINÉES DE LA POÉSIE.




   Il se produit actuellement en France, un fait bien caracté-
ristique et facile à constater : c'est l'extrême défavewr, lé
discrédit profond dans lesquels est tombée la poésie. Cette
langue des dieux, ainsi que la nommèrent jadis les jeunes
générations de notre globe sublunBire, n'est plus; à propre- *
ment parler, qu'une langue morte... Celte superbe et eni-
vrante Déesse qui s'est vue» pendant plusieurs milliers d'an-
nées, adorée à genou* par les peuples frémissants et subju-
gués, n'est maintenant qu'une divinité caduque et flétrie,
dont l'autel solitaire ne reçoit que l'entens ignoré de quelques
sujets obstinément fidèles.
   Non seulement Vîtidifférence l'environne, mats encore la
raillerie la tue. Aux yeux des masses et de ceux qu'on est
convenu d'appeler les gens sérieux, la poésie n'est plus
qu'une formule surannée, une logomachie puérile, une ba-
gatelle, nugœ, bonne à la rigueur pour amuser tes femmes
et quelques grands enfants, mais intligne de l'attention des
hommes graves. Tout au plus est-elle tolérée sous la forme
des chansons légères et des retraits bachiques. On soutire en-
core, avec une certaine condescendance, que ses traits grivois