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ÉLOGE DE RAYEZ. 231 Providence avait favorisé son foyer. Il habitait avec son fils aîné qui avait montré, dans les fonctions d'avocat général a la Cour de Bordeaux, un talent digne de se faire entendre par son père. Son caractère n'était pas moins digne de lui; il se retira avec lui dans le sein du barreau, et leurs cabinets d'a- vocat s'ouvrirent à la fois l'un a côté de l'autre. Ce fils, éga- lement recommandable par sa piété et par son savoir, ne lui survécut que peu d'années. Il laissa lui-même un jeune fils héritier de ses sentiments, et une fille maïiée a .un magis- trat dont la famille se rattache aux souvenirs du Parlement de Guyenne, et qui se montre fidèle à sa glorieuse adop,- tion, comme au nom de ses aïeux. Son autre fils, Adrien Ravez , bien qu'habitant souvent la campagne, avait cependant voulu rester inscrit au bar- reau, et il suffit de le connaître et même de lire ses lettres pour juger a quel point il lui eût été facile de s'y créer une place honorable. Il visitait fréquemment son père, et sa pré- sence venait compléter les joies de la maison paternelle. C'est au milieu de ces jouissances intérieures que s'épa- nouissait la verte vieillesse de Ravez. Elle puisait aussi de nouvelles forces dans des consolations plus hautes. Celui qui, à l'âge de vingt et un ans, défendit, au pied de la colline de Fourvières, la liberté des prêtres lyonnais, n'avait jamais oublié la foi de ses pères : mais elle sembla recevoir une impulsion plus vive de ces dernières années où l'âme se fortifie par la pensée du suprême avenir. Il se plaisait à dire après avoir quitté toutes les prési- dences politiques et judiciaires : « Il en est une dont les révolutions ne me dépouilleront pas. » C'était la présidence du conseil de fabrique de.la paroisse de Saint-Paul, qu'il exerça près de cinquante ans.