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170                           FONVIIXE.

à secourir ayant nécessité l'agrandissement de la maison, il
fallut se résigner à démolir les anciens bâtiments, et Fonville
prenait le pinceau pour rappeler le passé, le jour même où
les démolisseurs enlevaient les tuiles du toit. Ce tableau fait
partie de la collection de M. Louis Perrin, pour qui il a la
valeur d'un souvenir de famille.
   Peintre à la portée des demoiselles, Fonville a fait beau-
coup de petits tableaux pour la location.
   Comme professeur, il a rendu de grands services à l'art, en
mettant, pour ainsi dire, la réussite à la portée de ses élèves, par
la grande simplicité avec laquelle il traita les modèles litho-
graphies qu'il leur destinait. Aimant son art avec une fer-
veur religieuse, il communiquait à ses élèves le feu sacré qui
réchauffait son cœur, et quand on l'entendait dire de ses
tableaux : « Ce sont mes enfants chéris, » on ne pouvait
s'empêcher d'aimer le père et les enfants. Aussi sommes-
nous heureux de dire qu'il eut beaucoup d'élèves et que tous
restèrent ses amis.
   Nous avons dit ce qu'était l'artiste; parlons de l'homme. Na-
ture bienveillante et sympathique, langage pittoresque, enjoué,
naturel, plein de bonhomie et d'originalité, cœur noble et
généreux. Belle tète, ornée de toute sa barbe, qui blanchit de
bonne heure (1). Physionomie franche, gros rire, un peu nar-
quois en apparence, mais plein de bonté, âme sereine,
on pourrait l'appeler l'homme de la nature.
   Joyeux compagnon, d'humeur facile, doué d'un caractère
aimable et gai, esprit vif plutôt que profond, spirituel sans
recherche, Fonville n'affecta jamais ces manières étudiées
que les esclaves de la mode appellent du bon ton. Il fut

   (t) Son portrait a été reproduit par le savant pinceau de M. Trimolet
et par M. Dollar, photographe, avec une expression inspirée qui rappelle
une tête d'apôtre ou de philosophe.