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DE LYON A LA CROIX-ROUSSE. 43 « cune origine organique. » — D'Orbigny. Dict. Hist. Nat. — Cette explication de la mélonite est moins poéti- que, j'en conviens, que la théorie adoptée par les Carmes; mais les sciences naturelles, aussi bien que l'histoire et l'archéologie, doivent nécessairement prendre pour guide la raison et non pas l'imagination : autrement elles sont entraînées au fond du précipice de l'erreur, et parfois même du ridicule. Si les melons, cultivés à Saumur par les Carmes, n'ont été importés en France que sous le règne de Charles VIII, a la fin du XVe siècle (1), on peut soupçonner que leur culture en Italie ne date pas,d'une époque bien anté- rieure. En effet, il n'est pas certain que le melon ait été connu de l'antiquité romaine, et Casaubon prétend que les meloni ou les poponi des italiens ne sont pas les me- lones des latins. D'autres philologues, entre lesquels Sau- maise, soutiennent le contraire. Il paraîtrait que les (1) M. Péricaud aîné, dans ses notes et documents — France litt., t.vu, p. 414 — raconte l'anecdote suivante, sur la culture du melon, en Orient, pendant la seconde moitié du XV e siècle : « Mahomet II avait cultivé lui- « même une planche de melons, que le soleil semblait avoir distingués en « les mûrissant longtemps avant les autres. Le Sultan les fit recommander « au jardinier, celui-ci y avait l'œil chaque jour-, ce qui n'empêcha pas « un page, qui aimait passionnément le melon, d'en cueillir et de les « manger. Le jardinier s'étant aperçu du larcin, conjectura que les pages, « qui seuls avaient l'entrée du jardin, pouvaient seuls aussi en être les « auteurs. Il eourut en informer le Sultan, en lui faisant observer qu'il « n'y avait que fort peu de temps que le vol avait été commis. Mahomet, « irrité de cette audace, fit amener à l'instant les pages devant lui, et « ordonna au coupable de se nommer. Personne ne se déclarant, l'impi- « toyable despote commanda d'ouvrir successivement le ventre de tous les « pages, jusqu'à ce qu'on eut découvert le coupable. On trouva les melons « à demi digérés dans le ventre du quatorzième. » — Sallentin de l'Oise, t. XIII de l'Improvisateur français, p. 59.