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216 ÉLOGE DE BAVEZ. Ce fut à l'époque de son mariage que Ravez demanda au barreau de Bordeaux son avenir et sa renommée. Il commença à vingt-cinq ans cette carrière qui en dura vingt-deux, et qui ne fut qu'une suite non interrompue de triomphes. Il a laissé dans la Cour qui l'entendit de si profonds souvenirs que, longlemps après l'époque où la po- litique l'appela à d'autres destinées , on lisait sur les murs de la première Chambre cette remarquable inscription, gravée par la main de l'un des magistrats : Ici RAVEZ PLAIDA POUR LA DERNIÈRE POIS LE 30 AOÛT 1816. VALE LUX ! (Adieu lumière). Je ne sache pas qu'aucune vie judiciaire ait jamais obtenu de si touchants adieux. Et pourtant il avait été difficile à un jeune étranger de se faire un nom dans cette ville de Bordeaux qu'on surnommait l'Athènes de la France, où le commerce était si lettré, la ma- gistrature si illustre, le barreau si éloquent. Cette éloquence fut vraiment inépuisable à toutes les épo- ques, comme dans tous les partis; elle avait donné a la fois de Sèze et Vergniaud. Et à peine le fer avait-il tranché la destinée des premiers Girondins, qu'on voyait déjà se former une Gironde nouvelle destinée à égaler leurs talents et à sur- passer leur gloire. Dans tous les temps, le barreau fut la principale école de toutes les éloquences : on le considéra toujours comme la pépinière de la magistrature, de la tribune, souvent même de la chaire. Aix et Toulouse entendirent Portalis et Romiguière ; temps officier dans la marine royale, de'eédé depuis peu d'années ; enfin M. Adrien Ravez, inscrit au barreau de Bordeaux, le seul qui survive au- jourd'hui.