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DE LYON A. LA CROIX-BOUSSE; 26J Lorsque la Révolution s'empara des couvents et en chassa les religieux, les frères Serre emportèrent avec eux le secret de la fabrication de l'eau des Carmes, et vinrent s'établir à l'angle méridional de l'escalier du Change et de la montée de Saint-Barthélémy. Encore au- jourd'hui, ce spécifique ou cosmétique se fabrique et se vend au même endroit. Le sieur Vernaison qui le débite est le successeur des susdits frères, se prétendant seuls possesseurs du véritable secret, et qui le lui ont commu- niqué. Voici à quelle occasion fut inventée l'eau des Carmes : Rome, en l'année 1764, fut affligée par l'invasion d'une épidémie. Les dangers que l'on courait en soignant les malades, engagèrent les Carmes Déchaussés du couvent de Santa Maria délia Scala (1), dans -le Trastevere, à composer une eau préservatrice de la contagion, et dès cette époque, le susdit couvent jouit du privilège de la fabriquer et de la vendre dans la ville de Rome. Le pros- pectus qui accompagne les flacons, et que j'ai rapporté de la pharmacie intérieure du couvent, affirme que ce specifico possède una mirabile virtu ; en effet, il guérit d'un si grand nombre de maux que l'on peut lui donner le titre de panacée. Voici sa composition, dont je trouve la recette dans le Dictionnaire des sciences médicales : (1) L'origine de la dénomination de Santa Maria délia Scala, Sainte-Marie de l'Escalier, provient de la légende suivante : Vers l'an 159,2, une image de la Vierge, reléguée sous un escalier, se mit tout à coup à resplendir mi- raculeusement. Ce fut donc afin de lui offrir un asile digne d'elle que l'on construisit l'église en question, et pour la desservir, le pape Clément VIII appela d'Espagne à Rome des Carmes Déchaussés, qui en prirent possession en 1597. (Panciroli. tesori nascosti di Roma.)