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                 LA MOBLlvSSE EiS ï'KAKCK.              349

tué des préjugés féodaux, qui contemplé tristement l'em-
piétement progressif du tiers-état. Le grand roi, quoi-
qu'il fût le gardien-né de la noblesse de France, dont
il était le premier gentilhomme, avait le coup-d'œil
trop sûr et trop pénétrant, pour n'avoir pas compris tout
le parti qu'on peut tirer des hommes de génie sans
naissance. Les égards et la déférence qu'il témoignait
aux grands écrivains et aux grands artistes de son temps,
ont été sur ce point le fidèle reflet de sa pensée. Le jour
où il fit l'honneur au comédien Molière de le faire as-
seoir à sa propre table, il signa peut-être à son insu la
suppression des barrières entre la noblesse et la roture.
   , jour-là, il n'y eut plus do Pyrénées entre la nais-
sance et le mérite. L'élan donné sous son règne se con-
tinua avec plus de force sous celui de son successeur,
et si l'on y vit Dubois, roturier, et Fleury, tout au plus
gentilhomme, devenir cardinaux et premiers ministres;
si l'on vit le plébéien Chevert lieutenant-général, cela
tenait à la filiation d'idées émanées du trône lui-môme.
    On retrouvera difficilement une noblesse aussi tolé-
rante et aussi respectueuse pour tous les genres de mérite
que celle du XVIIIe siècle. Les plus grands gentilshommes
s'effaçaient avec une courtoisie plus que modeste devant
toutes les supériorités investies d'une renommée bien ac-
quise. Ce fut, au point de vue des relations sociales, l'âge
d'or de la littérature, des sciences et des arts. Voltaire,
Beaumarchais, Rousseau, Diderot,Helvétius,Marmontel,
et cent antres sont des types frappants de cette aimable
et sympathique fusion opérée entre l'aristocratie de nais-
sance et celle du mérite personnel. On reste confondu en
lisant les confessions du fils de l'horloger genevois, de