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                POÉSIE SATIRIQUE DO XVIe SIÈCLE.                    563

dorée de l'époque étalait un luxe dangereux. Mais, pour sa-
tisfaire ce besoin de plaire aux dames, les glories (gloriosi),
élégants de l'époque, savaient ce qu'il en coûtait, et étaient
obligés, si nous en croyons les insinuations de la satire, de
recourir à des expédients fort suspe'cts :
                         Les glories diaboliques
          Par voyes obliques se dressent jour et nuyet.
          Mais ce n'est pas tout or ce qui reluyt :
          Par vos regars que jetez de travers
          A grans renvers gaignez (1) la seigneurie.

   Et qu'est-ce" donc que cette beauté dont vous êtes si fières,
que deviendra-t-elle ? — sous-enlend l'auteur. On va vous
l'apprendre et vous offrir un tableau assez repoussant, mais
qui plaira sans doute aux amateurs du réalisme moderne :
          Notez que c'est de vos corps par mes vers.
          Ce sont gros vers puantz rouges et verds
          Poingnants (2), parvers (3), dont la chair est nourrie.
          Quant est pourrie il n'est pas temps qu'on rie.

  Voilà, femmes enchanteresses, le sort destiné aux charmes
qui font votre orgueil ! Mais vos têtes sont trop légères pour
vous arrêter à des réflexions aussi sérieuses :
          Quoy que l'on die, c'est vanité sans doubte,
          Tel a beaux yeux qui souvent ne voit goûte.
          — Riez, chantez, caquetez, brocardez,
          Et regardez les gorriers permquez.

  Les gorriers sont les beaux, les élégants, la jeunesse dorée.
Quant à leurs perruques, c'était une mode récente; D'après
Barbazan, le mot de perruque n'est pas ancien dans la lan-
gue française, et le premier qui l'emploie est Guillaume

 (1) Gaigner, gagner, entraîner.
 (2) Poingnant, poignant, piquant.
 (3) Portiers, pervers, méchant.