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La justice impartialeétait le droit de tous; la justice prompte
lui semblait principalement le droit dés faibles. On peut
dire qu'il ne perdit jamais un instant. Il passait, sans un
jour de repos, de la présidence parlementaire à la prési-
dence judiciaire, et la lucidité saisissante de ses* résumés
politiques se retrouvait dans la rédaction restée célèbre de
ses remarquables arrêts (t).
   Ces arrêts, toujours empreints d'une érudition profonde,
d'une philosophie élevée, d'un discernement magistral, don-
nèrent à la Cour de Bordeaux un caractère d'autorité bien-
tôt accepté par tous les barreaux de France. On les cite
encore au rang des monuments les plus respectés de la
jurisprudence française, et M. Troplong, dont nul ne peut
méconnaître la compétence, n'a pas hésité à appeler Ravez
le plus grand jurisconsulte des temps modernes. Aussi, dans
celte pleine et laborieuse carrière, les succès oratoires et
la présidence politique n'ont pas laissé de traces plus pro-
fondes que la vie du magistrat.
   Il s'y consacrait sans relâche, au moment où la révo-
lution de juillet éclata.
   Il siégea encore le 2 août 1830 : mais quand le télégraphe
de Paris eut annoncé la proclamation d'un gouvernement nou-
veau, il renvoya au plus ancien des présidents de Chambre
les sceaux dé la Cour, dernier symbole des hautes fonc-
tions qu'il résignait pour toujours.
   Il eût pu toutefois les reprendre.
   La royauté nouvelle, qui se montra toujours si modérée
dans l'exercice du pouvoir, avait maintenu dans toute sa pléni-
tude l'inamovibilité de la magistrature ; elle n'avait voulu ni
la mutiler par des suspensions violentes, ni l'affaiblir par
des retraites forcées. On avait résolu que la mobilité de nos

  (1) La famille possède U recueil complet de ces précieux autographes.