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228 ÉLOGE DE RAVEZ. Mandé à Paris pour recevoir les instructions royales, il rapporta de son entrelien avec Louis XVIII ces paroles qu'il redit aux électeurs : « Trop d'agitations ont malheureusement troublé la France, « elle a besoin de repos ; il lui faut, pour en jouir, des dépu- « tés attachés a ma personne, a la légitimité et a la Charte, « mais surtout modérés et prudents. Votre département m'a « donné déjà de grandes preuves d'amour et defidélité:j'en « attends un nouveau témoignage dans le choix que les élec- « teurs vont faire. Dites-leur que c'est un bon vieillard qui « leur demande de rendre ses derniers jours heureux par le « bonheur de ses enfants. » Ces mots résumaient tout un programme, et ce pro- gramme, qui résumait lui-même la vie entière de Ravez, fut accueilli par un enthousiasme unanime qui le proclama député. Ravez quitta Bordeaux, pour se rendre 'a la Chambre, mais il était déterminé a revenir h la barre après la session. On le pressa longtemps en vain d'accepter les fonctions publi- ques : il préférait les principes fixes du droit aux vicissitudes agitées de la politique, et l'indépendance de sa profession au prestige des honneurs. Le Roi, cependant, attachait un si haut prix à sa coopéra- tion politique, qu'en le nommant sous-secrétaire d'Etat, il écrivait a M. de Cazes : « En nommant M. Pasquier ministre de la Justice, j'ai « nommé M. Ravez sous-secrétaire d'Etat au même dépar- « tement. Ma joie de ce dernier choix no sera complète que « lorsque je serai sûr de l'acceptation de M. Ravez. Je ne « saurais prévoir un refus de sa part, je connais trop son « zèle pour mon service ; d'ailleurs, il ne supporterait pas « l'idée que la France pût lui dire un jour : le Roi avait fait le « meilleur choix possible, vous seul, M, Ravez, en avezem-