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482                       POÉSIE.
           Je me voyais courant dans les fougères,
      Mordillant le pain noir d'un bon fermier bressan !
           11 me semblait jouer encore aux barres
      Sous l'ombrage touffu des marronniers du Mail ;
           Il me semblait entendre les fanfares
      Sous cette promenade au magique éventail.
           Quel serrement la grande basilique
      Inspirait à mon cœur devant les trois tombeaux!
           Qu'il rne plaisait cet imposant portique !
      Qu'ils me paraissaient beaux ces merveilleux vitraux!
           Combien j'aimais ces fêtes patronales
      De Saint-Denis, Saint-Roch, Saint-Just, Saint-Nicolas !
           Combien j'aimais ces ruines féodales
      De Sélignat, Pont-d'Ain, Jasseron, Meillonnas !.
          Combien j'avais charmante souvenance
      Des beaux jardins fleuris de Cointet, de Rochon !
          Quels cris joyeux lorsque j'avais licence
      De gravir en chantant la roche de Cuiron !
          Je me croyais tantôt à la Glacière,
      Buvant de frais sorbets et jouant au tonneau !
          Tantôt j'étais au-moulin de Rosière,
      Regardant les poissons qui tournoyaient dans l'eau !
          Mes souvenirs se succédant sans cesse,
      Tour à tour devant moi passaient mes premiers ans ;
          Heur ou malheur, franche joie ou tristesse,
      Rien ne fut oublié des jours de mon printemps !


      Mais, avant tout, je songeais à ma mère,
      Je la voyais, guidant mes premiers pas,
      Formant mon cœur, ouvrant mon caractère,
      Suivant mes jeux, surveillant mes ébats.
      Je croyais voir et toucher son visage,
      Il me semblait pouvoir la caresser,
      Il me semblait ouïr son doux langage,
      Et, souriant, je voulais l'embrasser.