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                      HIPPOLYTE FLANDRIN.                    317

cette école. Après trois années, il mérita le laurier d'or. On
 conserve encore au musée l'élude qui lui valut le premier
 prix : elle indique une facilité d'autant plus remarquable que
 c'était sa première peinture.
    Ce fut M. Guichard, professeur de notre école, qui intro-
 duisit le jeune Flandrin chez M. Ingres.
    L'enseignement de M. Ingres ! c'était, pour les disciples,
l'arche sainte, à laquelle aucun profane ne pouvait toucher !
C'étaient les maîtres anciens et modernes interprétés par un
homme de leur lignée, et revivant en lui! C'était la nature
expliquée dans son vrai caractère, saisie dans l'originalité de
ses types et marquée de celte empreinte divine qu'elle a, reçue
du Créateur.
    Qu'ils étaient solennels ces instants où le maître, à l'oc-
casion, soit du modèle, soit de la correction d'un élève, s'é-
levait emporté par le feu de ses convictions, jusqu'aux régions
les plus hautes de l'art et de la philosophie î
    Dans ces moments, il parlait une langue neuve et origi-
nale, qui faisail briller la lumière dans l'esprit de tous ! Alors
chacun suspendait son travail, et restait attaché à ses lèvres...
Alors, les disciples voyaient passer devant leurs yeux, comme
une soudaine apparition de l'Eternelle Beauté 1 Dieu leur était
rendu palpable dans ses oeuvres. Ils comprenaient la vocation
sublime de l'artiste.
    Le jeune Flandrin participait vivement à cet élan général ;
sa nature docile et enthousiaste lui faisait embrasser avec
amour celte doctrine, qui découvrait, à son génie naissant,
de vastes et riches horizons, et, sous la conduite d'un maître
si habile, il s'efforçait de travailler avec ce regard épuré qui,
négligeant une imitation trop matérielle de la nature, en fait
ressortir surtout le côté idéal et divin.
    En 1832, Flandrin obtint le grand prix de Rome. Le sujet
du concours était : Thésée reconnu par son père dans un