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522 H1PP0LTTE FLANDRIN.
bares de ce temps : c'est ce que Flandrin a fait. Dans le
fonds de son abside, il a assis un Christ gigantesque à l'imi-
tation de ceux de Pisc et de quelques églises de Sicile. À ses
pieds et dans une dimension beaucoup plus petite, il a placé
à genoux les deux personnifications extrêmes de la condition
sociale, le monarque et l'esclave ; ce contraste fait vivement
ressortir les proportions imposantes du Christ. Les parois du
chœur sont ornées d'anges d'une tournure magistrale : ils
tiennent des couronnes et font retentir les trompettes du ju-
gement. Il a encore décoré les absides de deux chapelles.
Dans l'une, le Christ présente le diadème à sa mère ; ce
groupe est empreint de noblesse et de grdee j on voit dans
l'autre, saint Paul ravi au Ciel : l'apôtre s'élève sans effort,
et l'expression extalique de son visage atteint comme tout
naturellement le-sublime.
Sur les murs latéraux des petites absides défilent des pro-
cessions de Vierges et de Marlyrs. Les premières, tenant à la
main des lampes allumées, vont au-devant de l'époux céleste ;
ces apparitions angéliques plutôt qu'humaines, d'une expres-
sion naïve et suave, sont ajustées avec un goût digue des
plus pures statues antiques. Les marlyrs porlent des palmes,
ils se font remarquer parleur attitude grave et leur profond
sentiment religieux.
Par ces compositions, Flandrin semblait s'être préparé
aux grandes frises de Saint-Vincent de Paul, et avoir préludé
à celte magnifique marche vers le ciel de toute la phalange
des saints de l'Eglise catholique.
C'est dans cette œuvre, commencée en 1861, que le peintre
a développé toute la puissance de son talent. L'emplacement
"exigeait des sujets se déroulant sur toute la longueur de la
frise qui court à droite et à gauche de la nef. Celte forme
de composilion lui a inspiré d'imiter, dans un sens chrétien,
les Panathénées de Phidias, et de baptiser en quelque sorte