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234                   ÉLOGE DE RAYEZ.

   Ravez méritait ces préférences de la Chambre et de la
Couronne.
   Aucun des présidents de nos assemblées délibérantes n'a
fait oublier cette science pleine, lucide, élevée, qui éclairait
sans effort et dirigeait sans contrainte; cette vigilante saga-
cité ,' si habile à pressentir les orages ; cette inébranlable
énergie, si prompte à les dominer.
   Les amis du gouvernement représentatif se rappelleront
toujours ce mélange heureux de fermeté, de modération et de
bienveillance, — véritable caractère de l'autorité que l'élec-
tion donne et qui s'exerce sur des égaux.
   Ce nom de Ravez me rappelle quelques-unes des premiè-
res émotions de ma jeunesse, alors que je m'échappais des
bancs de l'École de droit pour entrevoir un instant les débats
de la Chambre. Je contemplais Ravez sur ce fauteuil légis-
latif qui semblait fait exprès pour lui. J'admirais la dignité
de sa personne, la puissante gravité de sa voix, le sangfroid
de son attitude, la rapidité de son coup-d'œil, et surtout cet
art merveilleux de faire accepter ses lumières, sans imposer
sa volonté.
   Le temps et l'expérience n'ont fait que confirmer pour moi
les jugements du modeste étudiant de la tribune publique :
aujourd'hui, comme alors, je n'ai pas cessé de le considérer
comme le type le plus achevé de cette grande magistrature
parlementaire.
   Nul n'en a mieux mesuré la hauteur, nul n'en a mieux
compris les devoirs.
    Le premier devoir du président d'une grande assemblée,
c'est de s'identifier avec elle, de veiller h sa renommée
comme à un patrimoine personnel, de s'associer a ses épreu-
ves comme a ses gloires, et de vivre en quelque sorte de sa
vie.
    Assurera la majorité l'autorité de ses votes, a la minorité