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 534                   HIPPOLYTE FLANDR1N.

    Cette fois il serait suivi d'une épouse si digne de lui ; ses en-
 fants étaient assez grands pour commencer à comprendre les
 enseignements et les beautésde ce pèlerinage artistique et reli-
 gieux. Lui-môme se ferait leur interprète... Il dirigerait leur
 jeune admiration, et il jouirait doublement de ses impressions
 personnelles réfléchies dans celle de ces êtres aimés. Il partit
 donc à l'improviste. Comme il se sentit heureux de revoir
 Rome! Il retrouvait ces maîtres muets qui lui avaient donné
 tant d'éloquentes leçons! Tout l'enthousiasmait ! et les dé-
 couvertes d'objets d'arts, dues aux fouilles récentes, et les
 vieux monuments chrétiens, et Raphaël au Vatican, rayon-
 nant, écrit-il lui-même, d'une beauté et d'une gloire tou-
jours plus jeunes et plus vivantes! Chaque pierre lui apportait
 un souvenir: il revoyait ces chefs-d'Å“uvre antiques devant
 lesquels il s'était assis jadis le crayon à la main, pour leur
 ravir leurs secrets.
    Il était heureux aussi de l'accueil que lui faisaient les jeu-
 nes- pensionnaires de France; ils s'étaient montrés si em-
pressés de recueillir de sa bouche expérimentée des paroles
encourageantes et sympathiques ! Owerbeck lui-même, le pa-
triarche de l'Ecole mystique, était venu saluer en lui le plus
illustre représentant de l'art religieux dans notre pays.
    Sous l'action émouvante qu'exerçaient sur lui les hom-
 mes et les choses, Flandrin ouvrait son âme à ces pensées
d'un autre monde que l'on rencontre surtout à Rome.
Dans celte cité, si bien appelée la cité de l'âme, il oubliait le
bruit, les agitations de Paris. Le temps semblait pour lui
s'être arrêté. Les vérités éternelles lui apparaissaient radieu-
ses et il semblait comme en pressentir les réalités.
    Dans la plénitude de son âme, car Dieu, avant le moment
suprême, lui avait donné une surabondance d'intuitions su-
périeures, il eût voulu être entouré de tous ceux qu'il aimait.
Il écrivait a ce frère chéri dont il ne s'était jamais séparé :