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                        PHILOSOPHIE.                     343

   Aucune vie, comme celle du guerrier, ne renferme
autant d'abnégation de soi-même. Toutes les sublimités
du dévouement s'y trouvent concentrées, et la saveur
douce et amère à la fois du sacrifice perpétuel est un
«ssaisonnement inséparable de son existence.
   Nous avons nommé en outre deux vertus dont la
guerre est le meilleur piédestal et le critérium le plus in-
faillible ; ces deux vertus sont le courage et le mépris
de la mort. Elles tiennent toutes les deux une grande
place dans le genre humain, car elles sont le signe d'é-
lection des races vraiment fortes et viriles. Sans elles, il
n'est que des nations abâtardies et impuissantes.
   C'est une belle chose à coup sûr que le respect de
la vie humaine; mais il ne faut pas qu'il serve de pré-
texte à la faiblesse. Appliqué dans de trop larges propor-
tions, il conduit insensiblement à la couardise et à la
mollesse. La vraie mesure consiste à respecter beaucoup
la vie des autres et médiocrement la sienne. Tenez pour
certain que les hommes qui attachent trop de prix à la
vie ne seront jamais complets. Il y aura toujours un peu
de l'eunuque chez eux, et les sources du dévouement se-
ront à moitié taries en leurs cœurs.
   La guerre et la contemplation habituelle du danger
éveillent et développent ces deux vertus avec une singu-
lière intensité. L'homme qui a fréquenté les champs de
bataille s'est à jamais inoculé le courage ; il fait un mince
cas de la vie et ne l'achète jamais au prix d'une lâcheté
et d'un égoïsme. Aussi sera-t-il à la hauteur de lui-
même dans toutes les circonstances critiques de la vie ;
ce sera un citoyen dans toute la force du terme. La
 guerre est en effet la meilleure école des caraeteres. Elle
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