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90 BIBLIOGRAPHIE. Le glaive au cœur pénètre, et la pointe en glissant Avidement s'y plonge et s'abreuve de sang. Ce léger tissu d'or où le sein se recèle, Un sang tiède l'inonde et sous le fer ruisselle ; Elle se sent mourir, et son pied chancelant Sous son corps affaibli se dérobe en tremblant. II (1) poursuit sa victoire, et de sa forte épce Presse de coups plus vifs la vierge à mort frappée : Elle tombe, et sa voix profère en gémissant Ces mots, ces derniers mots, d'un faible et triste accent, Et qu'un nouvel esprit souffle et dicte à son âme : L'esprit de foi, d'amour, d'espérance, l'enflamme, Dieu l'éclairé ; elle sent comme un divin transport : Rebelle dans sa vie et soumise à sa mort ! « Tu triomphes, ami ; je pardonne, et toi-même « Daigne aussi pardonner En ce moment suprême, - « Si mon corps ne craint rien, mon âme a des terreurs ! « Donne-moi le baptême effaçant mes erreurs. » Dans le cœur de Tancrède, aux mots qu'il vient d'entendre, Glisse je ne sais quoi de suave et de tendre ; Il sent couler ses pleurs, et ces accents si doux Désarment sa vengeance et calment son courroux. Du sein de la montagne une source d'eau pure Fuit en humble ruisseau qu'indique un doux murmure ; Il y remplit son casque, et vient, sans rien prévoir, Triste et pieux, remplir un grand et saint devoir ; Mais le front du mourant sous son casque se cache ! Il sent trembler sa main, tandis qu'il le détache. Il voit, il reconnaît t> douloureux moment ! Il reste, à cet aspect, sans voix, sans mouvement. (1) Tancrède.