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136              SYMPHOIUEN CHAMPIER.
liger avait disputé à Symphorien ses titres de no-
blesse, avait tourné son orgueil en ridicule, lui qui
avait la même faiblesse, qui partageait, au suprême de-
gré, ce travers moins justifiable encore dans sa modeste
position de famille. Fils d'un pauvre maître d'école,
Benoît Burden, surnommé Scaliger à cause de son
enseigne (une échelle), il se posait avec arrogance
comme descendant des princes de l'Escale, maîtres de
Vérone et de plusieurs villes d'Italie dans le moyen-âge.
Pour rabattre cette fierté et ces prétentions, Champier
avait eu beau jeu ; il s'était joint à Jérôme Cardan, en-
nemi de Scaliger, pour réduire ces grossiers mensonges
à leur juste valeur. De la une polémique acerbe, dans
laquelle Jules-César, malgré son génie, ne pouvait
 briller. En revanche, il flétrit cruellement son adver-
saire dans sa personne, son honorabilité et ses travaux.
Du haut de sa chaire, il le poursuivit à outrance avec
 les armes de la calomnie et du mépris.
    Comme le docte critique exerçait une autorité sou-
 veraine sur l'opinion publique, sa parole fut acceptée
 d'emblée; il parvint à faire admettre sans examen,
 sans contestation, les sentiments qu'il affectait pour
 les ouvrages de son antagoniste. Comme, d'autre
 part, les doctrines médicales de Champier n'ont eu
 qu'un règne éphémère, ont été battues en brèche,
 même de son vivant, ceux qui leur avaient toujours été
 hostiles, ou bien ceux qui ne les partageaient plus, se
 sont bien gardés de contrôler les assertions de Sca-
 liger qui, depuis lors, ont servi de point de départ à
 l'opinion la plus générale.
     Ce n'est que longtemps après qu'on a réagi contre
  ce jugement injuste. Je ne parlerai pas des éloges
 de Colonia, Ménétrier, mais de ceux de Guy-Paiin,
  dont la vertu dominante , on le sait, n'était pas
  la bienveillance. Dans une lettre adressée, en 1658,
  a son ami Falconnet, de Lyon, il s'exprime ainsi :