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                     POÉSIE.
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             LE VÅ’U BRETON.

—Si vous l'aviez connu, ce bon frère Augustin !....
Au couvent de la Trappe il est mort hier malin.
Quelle sérénité ! quelle douce nature !
Le ciel resplendissait dans son âme si pure :
Triste était son sourire, et ses regards voilés
Semblaient toujours se perdre en des temps ccoulcs.
C'était un ange, un saint, un cœur évangélique
Et Dieu par de tels cœurs se révèle et s'explique.
Il est mort doucement, et l'espérance au front :
Voyez comme à pleurer tout le pays est prompt !
Voyez nos bons Bretons baiser sa robe blanche
Comme celle d'un saint, sur sa couche de planche.
Ah ! c'est qu'on l'aimait tant, ce bon frère portier !
Il avait dans son cœur l'amour du monde entier ;
Et quand il entr'ouvrait l'huis dû vieux monastère,
Le pèlerin sentait un rayon de lumière
Jaillir de ce bon moine et glisser jusqu'à lui :
Il semblait qu'une étoile en son âme avait lui. —

C'est ainsi que parlait mon compagnon de route.
Et moi je lui disais : Parlez encor, j'écoute,
Parlez, j'aiinc les saints. Et déjà le soleil
Illuminait au loin les plages de Karneîl,
L'air était embaumé des parfums d'Armorique,
De ces parfums marins qu'apporte l'Atlantique.
L'alouette chantait dans les sillons voisins,
El l'on voyait partout déboucher par essaims,
Coiffes de grands chapeaux, vêtus de larges braies,
Des paysans pensifs rasant le bord des haies.
Les femmes sanglotaient, et chacune épclait
Des ave Maria sur son vieux chapelet.

Puis, après quelque temps de Iriste rêverie,
Mon compagnoa reprend : Laissez-moi, je vous prie,
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