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534                     PHILOSOPHIE.

gles de la nature. C'est un rôle magnifique et qui leur
sied bien. Tant que l'homme n'aura pas arraché à la
 solitude et~à l'abandon les espaces immenses de terre
habitable qui implorent sa main pour les fertiliser, tant
que les richesses innombrables que renferme notre globe
ne seront pas utilisées jusqu'à, la dernière, tant qu'il y
 aura quelque part en friche , un coin de terre pouvant
nourrir un être vivant, la race humaine n'aura pas le
droit de se limiter et de se réduire. Ne parlons donc pas
de la guerre pour éclaircir ses rangs, alors que nous ten-
dons chaque jour à l'extinction des fléaux.
    1 serait inutile de fouiller plus avant les autres argu-
     1
ments d'un ordre vulgaire et banal, employés pour la
justification de la guerre. Leur néant frappe tout juge
impartial. Celte justification ou plutôt cette explication
se puise a des sources autrement profondes. Elle exige,
pour être saisie, l'ascension de l'âme dans une sphère
d'idées supérieure et métaphysique. Il faut se rattacher
 au caractère mystique et divin de ce fléau, pour en bien
comprendre l'essence et la portée. C'est un fléau, c'est-
à-dire, en remontant à l'élymologie du mot (flagellumj,
un coup de fouet périodique infligé par la Providence au
genre humain, pour qu'il ne s'endorme pas dans une
torpeur chronique. C'est le seul entre les fléaux auquel
Dieu ait imprimé un cachet de grandeur et de beauté,
pour le rendre toujours cher et délicieux aux hommes.
Tous les autres, la peste, la famine, la misère portent en
eux le stigmate hideux de l'horreur qu'ils inspirent ; dans
leur essence monstrueuse, aucun atome de beauté ne
s'associe à la désolation. La guerre, elle, possède une
esthétique certaine, évidente, immuable. C'est un étrange