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MULOSOPHIE. 853 accroissement des livres et des journaux, l'échange ré- ciproque des langues, les grandes expositions interna- tionales, les congrès industriels, scientifiques et litté- raires, les orphéons, les associations de toutes sortes; tout cela ne constitue-t-il pas des voies prodigieuses pour la diffusion des idées et l'échange des sympathies? Cela ne vaut-il pas mieux que de faire voyager les idées dans le sac de soldats qui les promènent l'arme au bras, du nord au midi et du couchant à l'orient? Il est encore un autre paradoxe que l'on a mis en ré- quisition pour justifier la guerre. Celui-là est absurde et inadmissible. Il consiste à dire que la guerre, comme la peste, est indispensable pour éliminer le trop plein des populations. Ce prétendu argument n'a aucune valeur. Chacun sait, Dieu merci, que la terre est assez vaste pour nourrir vingt fois plus d'habitants qu'elle n'en porte actuellement. Tous les économistes de la bonne école, abandonnant aujourd'hui le décourageant système de Malthus, sont d'aceord pour reconnaître que, loin de créer des causes de dépopulation, il importe d'accroître par tous les moyens possibles, la masse humaine qui vit et se meut à la surface de notre planète. La peste, les maladies de tout genre, les intempéries des climats et des saisons, les calculs égoïstes, les excès variés, la misère et les passions sont déjà d'assez terribles agents de dépo- pulation , sans qu'il soit besoin d'y ajouter l'entre-égorge- ment international qu'on appelle la guerre. L'hygiène, l'économie politique et sociale, le progrès des sciences, tendent chaque jour à restreindre la funèbre dîme que la mort prélève sur les générations ; elles cherchent à dimi- nuer la trouée qu'y font incessamment les forces aveu-