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552                      PHILOSOPHIE.

   Il n'y a qu'un malheur à ce système, c'est qu'il a été
constamment démenti par l'expérience et par l'histoire.
A ne considérer que l'effroyable effusion de sang qui s'est
faite par la guerre depuis l'origine des sociétés, notre
planète devrait être, dans la création, le meilleur des
mondes possibles, et chacun sait s'il en est ainsi!... Une
harmonie inénarrable et universelle devrait enchaîner
tous les peuples dans une magnifique union, et le spec-
tacle changeant de la politique et des événements nous
montre, hélas ! précisément le contraire. Qui pourrait
prouver, par exemple, que les guerres de ce siècle aient
hâté l'œuvre de la fraternité universelle?... Mille choses
qui se passent tous les jours lui infligeraient un cruel
démenti. Les guerres récentes s'agitaient cependant entre
nations bien policées et mûres pour la solution du pro-
blème. Est-il résolu?— Les mœurs ont beau être adou-
cies et raffinées, dès que les hommes se trouvent le glaive
à la main, en face les uns des autres, l'instinct secret de
la férocité reprend chez eux le dessus.
   Non certes, nous n'admettrons jamais que la guerre
ait une mission civilisatrice. Tout au plus lui accorde-
rons-nous d'être, jusqu'à un certain point, un véhicule
des idées. On ne saurait nier l'influence que le séjour et
la diffusion des armées françaises sur la surface de l'Eu-
rope ont eu pour la propagation des idées modernes ; là
se borne le rôle de la guerre. Mais que d'équivalents pour
cerôle! Qu'est-il besoin de s'en tretuer pour cela? Les nations
n'ont-elles pas de nosjours mille moyens pour atteindre avec
succès à des résultats pins complets , à un échange plus
efficace? Les chemins de fer, la télégraphie électrique,
les voyages populaires à prix réduits, l'incommensurable