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348 PHILOSOPHIE. laire de la vie ; si cette base manque, le reste n'est plus rien. Or, vous ne savez pas si vous êtes brave lorsque vous n'avez pas eu l'occasion de l'apprendre. C'est dans cette théorie de la bravoure qu'il faut cher- cher le principe de l'attrait irrésistible que toutes les femmes ressentent pour les hommes de guerre. L'hé- roïsme militaire a, de tout temps et en tous pays, exercé sur elles une singulière fascination. Les amours mytho- logiques de Mars et de Vénus sont l'exacte et symbolique formule de ce fait qui a été et sera toujours. Ce senti- ment est plein de logique. C'est un hommage à la raison exhalé par le cœur des femmes. Elles aiment le soldat, parce qu'il est pour elles farchetype du courage, de la force et de la virilité. L'amour d'une femme pour l'homme qu'elle distingue, se double quand elle le sait brave; s'il est lâche, au contraire, et que sa couardise soit ré- vélée, elle ne ressentira plus pour lui que du mépris. Elle méprise le lâche comme elle hait l'eunuque, spontané- ment et d'instinct. Cet invincible instinct d'accord en cela avec la loi mystérieuse du sang que nous avons constatée, leur fait trouver dans le spectacle des batailles des charmes secrets qu'elles n'osent s'avouer. Plus que tout être vivant, elles souffrent et elles pleurent de la guerre, mais elles lui rendent, tout en la maudissant, des hommages dont elles n'ont pas conscience, parce qu'elles y voient la plus écla- tante manifestation de cet idéal de force et de bravoure qui les enivre. C'est un de ces tributs involontaires payés à une idole qu'on outrage et qu'on encense tour à tour. Par contre, la sympathie féminine qu'ils provoquent élargit sans bornes chez les guerriers l'expansion du tem-