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PHILOSOPHIE. S49 pérament belliqueux. Ils puisent dans le regard et le sourire des filles d'Eve une exaltation qui engendre les plus fabuleux exploits, et leur fait avec joie braver mille morts et mille souffrances. Le sourire de la femme et celui de la gloire sont, pour le soldat, deux pôles lumi- neux qui font miroiter mille voluptés dans la mort. Il n'a jamais su laquelle de ces deux lumières est la plus attrac- tive, tant elles se confondent et se marient dans le même rayonnement. Tout le côté chevaleresque de la guerre se résume dans ce double sentiment d'amour et de gloire ; c'est par lui que les batailles sont un poème plus encore qu'une boucherie. En effet, une sublime source de poésie jaillit de la " .guerre et de ses péripéties. L'esthétique des combats existe, c'est indubitable. Il y a dans ce terrible et gran- diose fléau une essence mystique d'où s'échappe quelque chose de divin. Une terreur sacrée plane sur les champs de bataille, et ce n'est pas ^vainement, ni sans intuition que Dieu, dès l'origine du monde, fut appelé le Dieu des armées. Des combats, ce grand drame des nations, se dégage, comme dans un choc électrique, le vaste courant d'un fluide inconnu et puissant qui en élève les acteurs à des exaltations transcendantes. Les effluves étranges de ce fluide transforment les guerriers en demi-Dieux et les placent, pour un instant, bien au-dessus des proportions ordinaires de l'humanité. Les natures les plus vulgaires se revêtent alors d'une auréole magnifique dont les rayons éblouissent. Rien ne ressemble moins à un soldat en temps de paix, qu'un soldat dans le combat ; de la taille du nain, il se grandit alors à celle de géant ; il passe