page suivante »
PHILOSOPHIE. 541 territoires et des nationalités ; où les guerres justes étant les seules possibles, elles n'auront plus de raison d'être, puisque l'équité sera la règle universelle ; où un jury international résoudra toutes les difficultés et lavera dans ses sentences les outrages faits à l'honneur des peuples ; où le contrat social enfin aura atteint ce type idéal vers lequel gravite le genre humain avec toute la persévé- rance d'un désir inassouvissable. Il semble,n'est-ce pas? qu'arrivé à ce point de sagesse et d'équilibre, le monde répudiera la sanglante erreur de la guerre, et qu'on verra cette dangereuse épidémie s'évanouir irrévocable- ment dans l'atmosphère assainie des peuples, comme la peste et la lèpre ont disparu et disparaissent tous les jours devant l'épuration de l'air dans les cités mo- dernes. Eh bien ! non, nous n'admettons pas ce résultat qui semble si naturel. Une autre solution se dégage à nos yeux du mystérieux arcane des lois secrètes qui ré- gissent le genre humain. Nous regardons, il est vrai, comme probable et môme comme certaine la diminu- tion progressive des guerres ; nous croyons dans une large mesure au triomphe des idées de fraternité et de solidarité entre les nations ; mais de là à l'abolition ab- solue de la guerre il y a un abîme, et nous croyons que cet abîme ne sera jamais comblé. La guerre , qui est un mal, c'est incontestable , est une de ces imperfections héroïques de l'humanité, dont elle ne s'affranchira pas mieux que la mer des tempê- tes, et la terre des cataclysmes. Elle figure comme un rouage indispensable et mystérieux dans le plan corn plexe de l'univers et dans l'harmonie cachée de ses évo-