page suivante »
HIPPOLYTE FLANDRIN. 529 raies qu'a produites cet artiste d'une rare fécondité, et pour qui l'art monumental élaitune prédication. On y est frappé de sa science religieuse, autant que de sa foi profonde. Cependant, Flandrin, trop modeste pour s'en rapporter à ses propres lumières, savait consulter les hommes compé- tents. A l'exemple de Raphaël, qui entretenait des relations littéraires et artistiques avec les principaux personnages de son siècle, il soumettait ses plans à des théologiens et à des savants distingués, et ne les exécutait que lors qu'ils avaient élé approuvés au point de vue de la doctrine et delà science. Dans son œuvre, on ne senl pas, comme dans celles de cer- tains artistes de nos jours, un christianisme personnel; le sien procède de la tradition et des grands enseignements de l'Eglise. Comme on le voit, la vie de Flandrin s'est usée à décorer nos temples. La Providence, il le reconnaissait" lui-même, lui avait donné une sainte mission, et l'avait mis dans la nécessité de se vouer exclusivement a la peinture religieuse. Au lieu de poursuivre dans nos expositions un succès éphé- mère, en fournissant a un publie avide d'émotions un ali- ment à sa fiévreuse curiosité, Flandrin s'est caché dans nos sanctuaires, et a consacré à la gloire de Dieu qui s'y cache lui-môme son noble et élégant pirmeau. Mais celui qui mani- feste ceux qui se dérobent à l'éclat, a pris soin de sa gloire et l'a mise sous le patronage de son Eglise. Il s'est attaché à son nom quelque chose de celle onction qui brille au front du sacerdoce. A son trépas on a prié pour lui dans nos basiliques, et un évêque illustre (1) a consacré cette grande mémoire a la reconnaissance de la postérité. Cependant Flandrin n'avait pas déserté entièrement le Salon : il y paraissait annuellement, représenté par des por- traits qui avaient tout l'intérêt d'un tableau. (1) Mgr Plantier, évêque de Nîmes. 31