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520                  HIPPOLYTE FLANDRIN.

fin en 1837, il exécutait son dernier et principal envoi :
 Le Christ el les petits enfants, page toute évangéliqu" qui
 parle au cœur : la dignité douce du Christ, l'empressement
des mères, l'air innocent des enfants, produisent sur l'âme
 un effet que n'atteignent pas des toiles plus ambitieuses... Il
avait un attrait particulier pour l'enfance : quelquefois il s'ar-
rêtait pour contempler le naturel de ses poses et ses grâces
sans artifice. Il se prenait à s'extasier devant ces petits,
comme il les appelait el révélait ainsi, sans s'en douter, la
candeur de son ame.
  • C'était vers l'art monumental que se portaient toutes les
aspirations decet artiste chrétien : il eût désiré que la France
n'eût rien à envier aux fresque? de l'ilalie; mais tout en en-
richissant nos Eglises de peintres murales, il voulait s'ef-
forcer de les mettre à la hauteur de la science artistique mo-
derne. Il trouvait les peintres primitifs, Giotto, Fiesole, Ma-
saccio, etc, d'im sentiment religieux incomparable; mais,au
point de vue du savoir, ils lui semblaient incomplets. Nourri
des belles formes antiques, i! ne pouvait se décider à les sa-
crifier, et ce n'était qu'a l'aide d'une interprétation élevép
de la nature qu'il voulait exprimer sur la face des saints la
transfiguration qu'opère la grâce.
   Les cinq années que Flandrin passa à Rome furent em-
ployées à préparer la réalisation de ses idées. L'amitié frater-
nelle les embellit, car ses deux frères étaient venus Fe rejoin-
dre. Arrivé à Paris, où ses envois avaient été fort remar-
qués, il s'y trouvait classé parmi les artistes hors ligne el
destiné aux plus importants travaux.
   Il débuta au salon en 1842, par un tableau pour la Cham-
bre des Pairs, aujourd'hui le Sénat : c'était un Saint Louis
dictant ses établissements. Quoique d'un eflet peu flatteur, à
cause du costume noir de plusieurs personnages, cet ouvrage
se fait pourtant remarquer par la belle tournure de certaines