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508 DES APTITUDES. fidèlement, sont la double condition humaine du progrès en toute agre'gation sociale. Et cependant certains sophistes de l'art, dédaignant pour lui l'honneur de l'expression idéale, entendent le restreindre au labeur vulgaire d'une simple reproduction des formes, des couleurs et des effets matériels ; d'autre part, certains sophistes de la métaphysique, méconnaissant l'être spirituel, aspirent a réduire la science ontologique a l'étude du simple monde visible et de ses lois ; et les uns et les autres corrom- pant, de plus, la langue pour se donner un nom, font retentir à nos oreilles étonnées les mots barbares de réalisme et de positivisme : comme si l'idéal n'était pas une réalité aussi in- contestable, et l'être invisible une substance aussi positive que la matière ! Signaler ces erreurs et les réduire, en constatant l'excel- lence de l'art et de la philosophie, n'est-ce pas compléter ma thèse et glorifier le passé de la cité en même temps que pré- sager son avenir? Or, devant un pareil auditoire, quelques mots y doivent suffire. Ces deux affirmations capitales, au point de vue de l'idée et de la forme, tout en se déguisant sous une apparence dog- matique, ne sont en réalité qu'une double négation de l'invi- sible, aboutissant a un panthéisme grossier, qui annule autant le sens extérieur de l'art qu'il froisse le sens intime de l'être. L'art étant, en effet, l'artisan reproducteur de la forme des êtres et des choses, il est manifeste qu'il détermine par là même leur distinction réciproque, qu'il accuse la personnalité essentielle des premiers et la configuration, essentielle aussi, des secondes. A ce titre donc, l'art fournit à la véritable mé- taphysique le plus puissant des arguments peut-être contre la doctrine de pure hypothèse, qui ramène tous les êtres et toutes les choses a un tout confus qu'elle déifie. La logique du beau idéal et celle du vrai moral condamnent également