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DES APTITUDES. 807 la politique dans le commun amour des lettres ; et ici même encore, n'applaudissiez-vous pas, il y a peu de jours, a la glorieuse histoire d'un de vos plus illustres enfants, ra- contée par un autre non moins illustre, auquel est échu l'insigne honneur d'égaler son héros autant par la grandeur et les vicissitudes de la destinée que par la puissance du génie oratoire le plus sympathique ? (1) U ne me faudrait rien moins que cette brillante parole pour compléter le douloureux nécrologe de vos célébrités récentes, et placer, à la suite d'Ampère et de Ballanche, Ozonam, l'his- torien penseur ; Bonnet, le penseur praticien ; Gensoul, le praticien artiste; et Saint-Jean, le fidèle et poétique traduc- teur de la nature. Il ne me la faudrait pas moins pour conti- nuer l'inscription de tous les vivants, dignes de cet honneur, sur votre livre d'or de noblesse intellectuelle. Mais je m'arrête; car, alors même qu'elle est sincère et juste, la louange du présent est périlleuse ; elle risque trop d'être confondue avec les aveugles indulgences de l'amitié ou les solidarités habiles d'une sorte d'orgueil collectif. J'aime donc mieux laisser à la postérité plus impartiale le soin de dire qu'avec des talents dignes d'un tel passé, l'art vous doit des institutions et des encouragements inconnus à nos pères, et les sciences spéculatives des œuvres que ne désavouerait ni le mysticisme de leurs âmes, ni l'audace de leurs esprits. De cette série séculaire de faits glorieux, de noms illustres et de prospérités accumulées, qui forment comme une chaîne de couronnes entrelacées sur le front de la cité, il nous sera sans doute permis de tirer la conclusion que nous avons an- noncée en commençant, à savoir : que les sciences métaphy- siques, lorsqu'elles sont saines, et l'art, lorsqu'il les exprime (t) Eloge de Ravcz, par M. P. Sauzet, prononcé le 22 décembre 1863.