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496 DES APTITUDES. que, ses facilités naturelles de communication et la fécon- dité spéciale du sol qui l'entoure, Lyon est évidemment une ville prédestinée au négoce et a la production industrielle ; pour celui qui veut pénétrer plus profondément dans l'esprit de ce peuple, il y a mieux encore à lire en ce grand livre de sa destinée. Egalement éloigné des sombres horizons du Nord et de l'ardent climat méridional, le paysage lyonnais participe à la fois et forme comme le trait d'union de ces deux natures extrêmes, dont l'une correspond a la froide concentration des méditations parfois nébuleuses, et l'autre à la vive expan- sion des contemplations toujours enivrantes. D'une part, en effet, ses immenses lignes horizontales attirent le regard dans ces profondeurs indécises qui sont comme une vue ouverte a la pensée sur l'infini ; de l'autre, ses collines aux suaves contours et les prairies qu'elles en- cadrent de leurs frais ombrages, fascinent ce même regard par le spectacle varié d'une beauté matérielle moins gran- diose, mais plus précise et plus harmonieuse dans ses pro- portions. De grands et beaux fleuves baignent de toutes parts cette terre heureuse, l'animent du mouvement et du bruit de leurs ondes, en même temps qu'ils semblent se plaire à re- produire en leur surface mobile la calme splendeur de ses beaux rivages. L'eau est sans contredit la première condi- tion de la beauté et de l'expressivité $u paysage ; mais si l'on en voulait signaler, quelque peu subtilement peut être, la raison intime, ne pourrait-on pas dire que c'est par ce qu'elle semble constituer l'élément le plus esthétique de l'univers, étant la base, le principe et l'aliment de toute forme animée ou organique? Ne pourrait-on même ajouter qu'elle semble être aussi, en un certain sens, son élément métaphysique ou spéculatif, puisque, fidèle miroir et parlant tableau, elle re- cueille en son sein réfléchissant et répète à nos regards épris