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MOSAÃQUES D'UN RÊVEUR. i. Dans la pratique du bien et la fuite du mal, il n'est pas au monde, pour les dmes hautes et bien placées, de mobile plus puissant que Vestime de soi-même. La religion, il esl vrai, accomplit des merveilles dans la conduite des hommes, mais la facilité de la réhabilitation par le repentir et la confession est un port de refuge trop commode et un expédient trop inefficace pour les cÅ“urs fiers, sloi'ques et sévères. L'honneur lui-môme, ce grand palladium des sociétés, cette religion des hommes qui n'en ont plus, est insuffisant. Il n'a de force et dé pouvoir que dans les relations de l'indi- vidu avec les hommes et la société ; il ne s'attache qu'a ce qui csl visible, et n'a pour principe que l'orgueil de paraître pur aux yeux des autres. Mais il ne dirige pas les actions cachées. On peut Cire intérieurement un grand scélérat, tuer le man- darin, comme dit Rousseau,, et avoir ostensiblement beaucoup d honneur. _ L'estime de soi-même, au contraire, n'agit que dans les reIations.de l'individu avec lui-même. C'est la conscience érigée en loi souveraine. Les natures d'élile n'ont pas de guide plus sûr; il est infaillible. Elles n'ont pas de meilleur salaire pour l'accomplissement du bien el la fuite du mal : c'est la plus haute récompense qu'elles puissent se décerner. En revanche, la mésestimé ou le mépris de soi-même est le plus cruel supplice cl le plus abominable châtiment qui