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468 MOSAÃQUES D'UN RÊVEUR. puissent leur être infligés. Si elles ont failli, elles souffrent des douleurs que rien n'égale. Le repentir ne les lave jamais suffisamment de la faute commise, el le silence qui la couvre est une aggravation de leur peine. Aucune compensation ne peut alléger ce martyr intérieur. Ceux qui sont assez bien nés pour l'éprouver auront beau être heureux, considérés, couverts de gloire dans le monde, ils n'en ressentiront, loin d'être consolés, que plus vivement la morsure de ce vautour qui a nom : le mépris de soi-même ! ii. Les amitiés d'enfance et de collège sont les plus vivoces, celles ou l'on se complaît le plus volontiers dans le cours de la vie, celles auxquelles le cÅ“ur renonce le plus difficilement. Ce fait s'explique d'abord par le prestige et l'illusion qui dorent les jeunes anpées el dont le reflet se projette sur les personnes el les choses qui vous ont entouré à celte époque. Mais il a encore sa raison d'être dans un sentiment plus profond el plus logique. Le voici : C'est que les amitiés qui survivent au premier âge sont fondées sur une confiance mutuelle et absolue, sur la con- naissance parfaite que ceux qui se lient ainsi ont l'un de l'aulre. C'est pour cela qu'elles sont solides, durables el presque indélébiles. Le naturel et l'abandon qui accompa- gnent les débuis de la vie rendent, pour ainsi dire, transpa- rents les cÅ“urs, les caractères et les instincts ; ceux que vous avez connus dans celte période vous sont révélés tout entiers ; vous savez loul d'eux, ils savent tout de vous, et, si vous restez attachés, c'est que vous-avez trouvé, les uns dans les autres, les éléments d'une sympathie éternelle. Rien de semblable dansles amitiés qui se contractent après la première jeunesse. Comme elles ont le plus souvent