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404 MONT SAINT-BliltNAKD. fuite les démons qui s'en étaient emparés, puis, de fonder à la place un hospice et un couvent de chanoines réguliers. Saint Nicolas, évêque de Myre,'patron spécial de Bernard, lui apparut dans une vision, eneoura*gea son généreux des- sein et promit de le seconder dans l'exécution. Sans plus tarder, l'intrépide missionnaire, muni de la bénédiction de son évêque, gravit la montagne, lui dixième, en habit de diacre, tenant en sa main le bourdon (1) ou le bâton archi- diaconal. Il arrive devant la statue de Jupiter et, au moment où les ministres de l'idole s'apprêtaient à le saisir, il passe autour du cou de la statue sa propre étole, changée subite- ment en une chaîne de fer, la renverse h ses pied3 et relè- gue le démon dans les glaces éternelles. Reslé maître du poste, après avoir dissipé les satellites du tyran, Bernard bénit ces lieux souillés par le meurtre et la superstition, plante une croix sur les ruines de l'idolâtrie et jette ensuite les fondements de l'hospice qui se voit aujourd'hui. Dès ce moment, la montagne échangea son nom de Mont-Joux contre celui de Saint-Bernard. Tel est le récit sommaire du fait mémorable qui a donné naissance au magnifique établis- sement que tous les voyageurs admirent. Dans son savant ouvrage sur la Destruction du paganisme en Occident, M. Beugnot attaque cette légende. Parmi les arguments qu'il oppose à la narration de Richard de Val d'Isère, le seul, a mon avis, qui ait une force réelle est l'improbabilité de l'existence, au Xe siècle, d'un culte aussi brutalement païen que celui qui se pratiquait, au dire du lé- gendaire, sur le Mont-Joux. Il est difficile, en effet, d'expli- quer comment, au milieu d'un pays acquis depuis plus de , cinq siècles au Christianisme, un simulacre de Jupiter pou- vait subsister, recevoir des hommages et rendre des oracles (1) Bordonum,