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402                     M N SAINT-BERNARD.
                         OT
 frais de l'Etat (1). Des précautions furent prises pour que
 la montagne pût être franchie avec moins de danger, et nous
 apprenons par Ammien Marcellin qu'alors, comme aujour-
 d'hui, de longs pieux étaient disposés dans les endroits diffi-
 ciles pour indiquer la direction de la route, lorsqu'une neige
 perfide venait à en dérober la trace (2).
    Quand l'Empire disparut, l'hospice ne tomba pas avec lui.
La nécessité de conserver leurs communications avec Rome
 obligea plusieurs nations chrétiennes d'outre-monts a le main-
 tenir en concourant a son entretien. La charge des approvi-
 sionnements et de la surveillance du personnel était confiée
à des ecclésiastiques. C'est ainsi que cet établissement se
soutint pendant les premiers siècles du moyen-age. Mais,
dans l'extrême confusion où s'abîma la puissance des succes-
 seurs de Charlemagne, l'hospice du Mont-Joux, n'étant plus
protégé, fut ruiné, puis abandonné. La dernière mention que
l'histoire en fait appartient à l'année 859. On la trouve dans
un acte passé entre Lothaire, roi d'Austrasie, et son frère
Louis, roi d'Italie (3). Depuis ce moment jusqu'au jour où
l'hospice actuel sortit de terre, un siècle devait s'écouler.
    Pendant cette malheureuse période, toute remplie par les
ravages des Sarrasins et des Normands, quelques débris
des armées qui rançonnaient l'Occident s'emparèrent du
Mont-Joux, s'y établirent en bandes de brigands, détroussant
les voyageurs, égorgeant les caravanes ou les écrasant sous
des blocs de rocher. Ce qu'il y a de plus étrange, au milieu
du désordre qui avait envahi cette partie des Alpes, c'est que
les mêmes hommes qui spoliaient et assassinaient les pèle-


   (1) Vie de saint Bernard, c. 11.
  (2) Obquaîlocorum callidi, emincntcs lîgneos stilos pcr cautiora loca
defigunt, ut eorum séries vialorcm ducat obnoxium. lib. XV, c. 10.
  (3) Vie de saint Bernard, c. XI.