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370 UN SOUVENIR. elle voulut monter au sommet de l'ermitage, où M. le docteur-pharmacien Gosse habitait alors une champêtre maisonnette, autour de laquelle il avait créé un charmant petit jardin dans lequel il cultivait des fleurs alpestres et se livrait à l'étude de la botanique en savant distingué et ' en sage philosophe. La reine se fit annoncer au propriétaire de l'ermitage en lui demandant la permission d'y pénétrer. Celui-ci vint au devant de la Majesté déchue et lui fit les honneurs de sa docte retraite. Hortense charmée de la conversation de M. Gosse, lui ouvrit son âme ulcérée et lui confia ses chagrins; alors- surpris et flatté de ce douloureux épanchement, le sage de Mornex essaya d'apporter quelques consolations au cœur de l'illustre affligée; il lui peignit avec une éloquence émue et persuasive la fragilité des biens et le néant des gran- deurs de cette terre ; il lui montra, dans la vie tranquille et retirée qu'elle pouvait mener dans nos belles vallées, un ample dédommagement aux splendeurs d'un trône où, posée comme sur un piédestal, elle était en butte à des regards souvent envieux et malins ; il opposa au fracas des cours le calme d'un séjour embelli par la nature, aux agitations ambitieuses de la politique le culte paisible de la science et les récréations agrestes de nos vertes cam- pagnes; il lui montra en perspective son chagrin perdant son âpreté et s'évanouissant peu à peu dans une existence vouée aux œuvres de bienfaisance et à la piété. Il l'engagea à fixer sa résidence dans la Suisse qui unissait aux charmes de son indépendance la cordialité avec laquelle elle accueillait les retentissantes infortunes telles que la sienne. Cette conversation qui eut lieu au sein du charmant erinitage où le philosophe vivait retiré, le silence et le