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352                l.A .MJBLESSE EN i'UAM;E.

 blessante outre le noble et le roturier est, complètement
 effacée, et où il suffit d'être un homme comme il faut pour
 vivre sur le pied d'une égalité respectueuse avec les plus
 grands seigneurs. La gentry est un vrai produit de notre
 époque, c'est la communauté, la ligue tacite de tous les
 gens qui savent vivre, dans le bon sens du mot. Pour
 appartenir à cette confrérie, il n'est plus besoin d'être
 gentilhomme, il suffit d'être un homme bien élevé. La
tendance à cet état de choses dont nous signalions tout à
 l'heure l'essor croissant depuis le règne de Louis XIV
lui-même, est aujourd'hui un fait accompli.
    Il y a un autre mot anglais qui s'est implanté dans
notre langue, et qui dépeint exactement le type idéal de
la société moderne : c'est le mot de gentleman. Noble
ou roturier, on est gentleman alors qu'avec de l'éducation
on vit honorablement et suivant les lois de la courtoisie
et des bonnes manières. Nulle aristocratie personnelle ne
s'attache à celui qui pratique avec honneur le code de la
bonne compagnie. C'est une noblesse innomée qui lie
étroitement celui qui la mérite à la noblesse réelle et po-
sitive.
    Avouons, pour rendre hommage à la vérité, que le
souffle venu des mœurs et des institutions anglaises a été
pour beaucoup dans la création de ce nouvel ordre de
choses. Il y a longtemps qu'existe chez nos voisins ce
spécimen d'aristocratie innomée. Chez eux , nul ne
l'ignore, les choses sont poussées au point que tout hom-
me vivant honorablement et exerçant une profession libé-
rale, se qualifie et est qualifié par tous gentleman esquive,
gentilhomme écuyer. Cette appellation est consacrée par
un assentiment universel et tacite.