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                  LA NuW.ESSE F.X FRANCK,               341

l'alleu étant personnel ne transmellail pas au fils le pri-
vilège du père. Pour que celte transmission eût lieu,
il fallait que les gratifiés devinssent bénéficiaires, c'est-
à-dire tinssent directement du prince leur investiturer
Alors, comme l'apprend Marculfe, se généralisa rapi-
dement l'usage d'une fiction qui consistait à changer
ses propres ou alleux en bénéfices. Le propriétaire d'une
terre la donnait au prince, qui, après l'avoir reçue en.
don, la rétrocédait au donateur sous forme et à titre de
bénéfice. Au moyen de cette convention, le fief devenait
héréditaire en devenant bénéficiaire, et communiquait à
tous les descendants, jusqu'à l'infini, les prérogatives
et les privilèges qui lui étaient inhérents.
   C'est en combinant entre eux ces différents systèmes
que MM. Augustin Thierry et Guizol ont, avec une saga-
cité et une profondeur de vue admirables, donné la
vraie solution historique du problème posé. Ils ont
reconnu et constaté avec Boulainvillers et Montesquieu,
que la véritable éclosion de la noblesse féodale doit être
attribuée à la conquête germaine; que c'est au sein des
Francs victorieux qu'il faut chercher la trace de cet
établissement. Ils admettent comme vrai dans sa crudité
primitive l'axiome de Boulainvilliers, « tous les Francs
furent gentilshommes et tous les Gaulois roturiers, »
mais faisant entrer en ligne de compte les affirmations
des abbés Dubos et Mably, ils démontrent qu'à cette
noblesse primitive de la conquête, vint promptement
s'annexer et se joindre une noblesse créée par le fait
du prince, et puisée dans les rangs des Gaulois et des
Romains sous le nom de Leudes et d'Antrustions. Il y
eut donc, au bout d'un nombre restreint d'années, un