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L'hommc voudrait n'avoir dans la voix qu'une noie
Dont l'éternel éclio chantât devant l'autel !
Non, l'unité n'est pas dans la monotonie
D'un même accord toujours et partout répété ;
Mais plutôt dans ces (lots d'éternelle harmonie
Qu'aux pieds du Créateur roule l'immensité.
Oh ! que de tous les points de la terrestre grève,
Si loin qu'ils soient, là -bas, perdus au sein des flots,
Au même instant vers Dieu le même hymne s'élève,
Epelé dans l'espace avec les mêmes mots ;
Que le même cantique exhalé vers la nue,
Chante sur notre tombe et sur notre berceau,
Et des mêmes accords partout fêle et salue
Nos plus chers souvenirs, oui, c'est juste, c'est beau !
Mais il est doux peut-être, alors qu'au vent des âges,
Jour à jour sur nos pas roulent tant de débris,
Alors que le passé se perd sous les nuages
Et que de changements nous semblons tous épris ;
Il est doux, oui, bien doux, de retrouver encore
Pour en offrir à Dieu l'écho mystérieux,
Quelques chants, quelques mots de la langue sonore
Que devant les autels murmuraient nos aïeux !
Oh ! laissez-nous nos chants 1 N'imposez pas silence
A cet écho lointain des jours évanouis !
Ce sont ceux dont l'Église a bercé son enfance,
Les premiers dont les cicux aient été réjouis.
Ce sont les chants des fds les plus soumis peut-être
Que l'Eglise ait jamais endormis sur son coeur !
Les premiers dans l'arène on les a vus paraître,
Combattre et recueillir la palme du vainqueur.
Ils vibraient quand l'Eglise encore à peine éclose
Teignait sa blanche robe au sang pur des martyrs ;
Et l'on y sent encore tressaillir quelque chose
Triste comme l'écho de leurs derniers soupirs.