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288 CHRONIQUE LOCALE. Si ces qucleurs voulaient réellement faire le bien, ne pourraient-ils pas donner une somme à des comités de bienfaisance au lieu de parader ainsi en public ? C'était du reste la pensée d'un Apôtre, qui voyait un jour prodiguer des parfums de prix. A quoi bon celte profusion, disait-il? car on aurait pu vendre ce parfum bien cher et en donner l'argent aux pauvres. Cet apôtre économe s'appelait Judas. Le Progrès du 29 mars est tout à fait de son avis. « Dans tout Etat bien réglé, il y a une cour des comptes » a dit un Sage. En conséquence de cette maxime, on ne trouvera pas mauvais que la presse, qui est la cour des comptes du public, exige d'être éclairée sur l'usage qu'on fait des deniers publics (et particuliers), à quelque tilre et de quelque façon qu'on en recueille. La Commission se composera donc du plus émi- nent écrivain, du plus brillant organe de la presse lyonnaise; nous n'avons pas besoin de nommer le rédacteur en chef du Progrès. « Peat-on comprendre qu'avec d'aussi magnifiques éléments qu'on en trou- ve, » pour parler comme M. de Wolffers, 0:1 ne puisse grouper au haut de Dellecour, comme le dit si bien encore l'élégant publiciste, une Cavalcade immense qui défilera par la rue du Vieil-Kcnvcrsé, la rue du Bœuf, la rue des Quatre-Canlons, la rue Misère, la rue Bouteille et les Tapis, pour redescendre par le chemin de fer de la Croix-Rousse ? Cel itinéraire, autre- ment mieux choisi que celui de lundi dernier, promet au peuple uncoup- d'ceii ravissant. Les chars dessinés par l'organisateur de la fêle, seront d'une élégance sans pareille et d'un goût parfait. Nul, en les voyant passer, ne sentira le vids dans son cœur et dans son esprit. Saint-Bris sera exclu à cause de la Saint-Barthélémy ; les cavaliers vêtus de noir, à cause de l'Inquisition. Tout se préparc, tout s'organise ; le fil rouge de la marine anglaise est déjà tout prêt ; la foule, cette fois, remplira la ville, le com- merce reprendra son essor, l'infortune sera soulagée, une grande leçon sera donnée aux artistes Lyonnais, car le célèbre Alsacien du Progrès ne ressemble en rien à ce perroquet de Florian, qui, après avoir bafoué les oiseaux chanteurs, prié de se faire entendre à son tour, se gratta la lète et dit honteusement : « Messieurs, je siffle bien, mais je no chante pas. » M. de Wolffers chante aussi bien qu'il siffle. Pour toutes les sottises et les absurdités que nous venons d'écrire, voir le Progrès des 29 et 30 mars. A. V. AIMÉ VINGTRINIER, direetcur-gérarrt.