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                       ÉLOGE DE BAVEZ.                       255

   Honorons donc cette noble vie commencée par le courage,
éprouvée par l'exil, mûrie par les luttes, brillante par l'élo-
quence, puissante parles dignités, plus grande parles ser-
vices, finissant dans la vénération et consacrée parla gloire.

   Et maintenant, Messieurs, quel est dans cette carrière si
remplie le trait qui domine tous les autres et qui marque le
nom de Ravez d'un caractère ineffaçable? Ce trait, c'est
la fixité de l'âme dans la diversité des événements, c'est la
fidélité h soi-même, c'est la persévérance dans le bien, qui
n'est pas seulement par elle-même une excellente vertu,
mais qui fait a elle seule la fécondité de toutes les vertus.
   Cette existence se résume en deux mots : contraste dans
les situations, unité dans la conduite. •
   Le jeune avocat fugitif monte de la barre, où il s'était
essayé, jusqu'au premier siège de la Cour souveraine qui
se rappelait encore ses débuts, et va s'asseoir a la place de
Montesquieu.
   Le fils d'un modeste commerçant reçoit l'ordre antique du
Saint-Esprit et porte les insignes réservés au sang des rois.
   Le prisonnier de la Commune de Lyon devient pendant
neuf ans le Président des députés de la France.
   Et toutes ces prodigieuses alternatives de fortune et de
revers, de persécutions et de triomphes n'ont jamais ébranlé
 sa constance; il est resté inviolablement fidèle a sa foi reli-
 gieuse, a sa foi judiciaire, à sa foi politique.
    La défense du culte de ses pères inspira les premiers ef-
 forts de sa parole, et il a fini en acceptant la mission de venir
 en aide à la religion et à la société menacées.
    Il ne se montra pas moins persévérant dans le culte des
 lois. Jeune homme, il les défendait à la barre; il les appli-
 qua plus tard comme chef d'une Cour souveraine ; enfin il
 les consacra comme représentant du pouvoir parlementaire.