Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
254        .           ÉLOGE DE RAVEZ.

haute Cour'nationale de Bourges; il savait suffire à tous les
dévouements.
   Il assista aux premiers travaux du Conseil, et ce fut en
sortant de l'une de ses séances qu'il fut saisi par un refroi-
dissement dont les suites furent rapides et fatales. Dès
que sa maladie fut connue, l'émotion fut universelle dans
la cité: ses collègues, comme toute la population, assié-
geaient sa demeure pour s'informer d'une santé si précieuse,
mais la Providence avait jugé sa vie pleine et sa couronne
gagnée. Après trois jours de maladie, Ravez s'éteignit le 5
septembre 1849.

   Sa mort répandit sur Bordeaux un deuil général. Ravez
atteignait alors sa quatre-vingtième année, mais de telles
morts sont toujours prématurées. Un vieillard dont l'âme est
ainsi privilégiée, fait l'orgueil de la cité comme de la famille.
Il y a dans ses entretiens, dans ses recommandations su-
prêmes , je ne sais quoi de suave et d'achevé qui semble
déjà ne plus appartenir à la terre.
   Cette perte ne fut pas déplorée seulement à Bordeaux, elle
fut ressentie h l'Assemblée législative et jusqu'aux extrémités
de la France. La ville de Lyon, qui tint toujours une grande
place dans ses souvenirs, ne pouvait rester indifférente a de
tels regrets, et, malgré les préoccupations de ces temps agi-
tés, la pensée dss Lyonnais se reporta plus d'une fois sur
cette renommée nationale dont leurs pères avaient salué
l'aurore.

   Mais une telle mémoire méritait ici même un solennel
hommage. Les morts vulgaires sont loués au lieu de leur
tombe; il n'appartient qu'aux morts illustres d'être célébrés
au lieu de leur origine, et de voir revendiquer leur nom par
leur première patrie.