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                        ÉLOGE DE RAVEZ.                      253

 contraires, flotta dans de perpétuelles incertitudes entre la
 république et la monarchie.
    Quand Ravez reparut après vingt années d'absence dans
 celte enceinte qui, depuis son départ, avait vu deux révolu-
 tions, il trouva tout changé autour de lui. Ses contemporains
étaient rares ; le pouvoir avait passé a une génération qu'il
n'avait pas connue, mais celte jeune génération, qui ne le
connaissait elle-même que par sa renommée, s'inclinait avec
une respectueuse déférence devant cet illustre demeurant
d'ifh autre âge. Les années avaient imprimé à ses traits
la majesté du temps, sans lui infliger ses ravages. On
admirait cette courageuse vieillesse, et l'Assemblée voulait
tout a la fois l'honorer et s'en servir.
    Ses collègues n'entendirent pas qu'une si éminente science
demeurât stérile pour le pays: on lui déféra la présidence
de la grande commission de réforme hypothécaire appelée
a combler l'une des plus regrettables lacunes de la législation
française. Sa haute expérience imprima la plus heureuse
direction h ces importants travaux, dont l'opinion publique
avait souvent renouvelé le vœu, et dont Casimir Périer avait
dès longtemps donné le signal.
    S'il eût pu y présider jusqu'à la fin, son autorité eût peut-
être sauvé d'un triste avortement cette œuvre si impatiem-
ment désirée; et la France n'en serait plus h attendre encore
ce code de vraie publicité, pour lequel toutes les autres
nations ont su nous devancer, au grand détriment de notre
richesse foncière et de notre juste renommée d'émulation
et de progrès.
   Mais ce dernier honneur ne devait pas lui être réservé.
Ravez quitta Paris au mois de septembre 1849, pour venir
prendre part a la session du Conseil général de la Gironde,
dont il était resté un des membres les plus actifs et les plus
influents. Il avait accepté aussi les fonctions de juré h la