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282                     ISLOGE DE IIAVEZ.
   Ainsi s'écoulaient ces années qu'on a si bien nommées
le soir de la vie.
   Ce fut, en effet, pour lui une douce et splendide soirée
après les incessantes agitations de son midi: il n'en ressen-
tait pas les ardeurs, il n'en avait gardé que l'éclat. 11 savait
que pour les vies qui ont monté le plus haut, le plus difficile
est de bien finir; il avait vu tant de beaux génies s'égarer
sur les sommets et glisser fatalement dans l'abîme, faute
d'avoir su descendré avec dignité dans la tombe.
   Aussi avait-il résolu de ne pas interrompre ce paisible
repos , mais il était écrit que cette carrière si pleine ne
s'achèverait pas sans voir rajeunir ses honneurs parlemen-
taires.

   Chacun se souvient des agitations électorales de 1849 :
ce furent les journées de juin dans le scrutin. La société fit
alors appel a toutes les forces qui l'avaient servie, à toutes
les gloires qui l'avaient illustrée.
   Ravez ne pouvait être oublié dans ce mouvement d'énergie
et de salut : les nuances les plus diverses s'unirent pour lui
décerner un mandat de confiance, et l'envoyer a l'Assemblée
législative. Ce ne fut pas sans regret qu'il s'arracha à la re-
traite; mais il n'avait jamais hésité devant le devoir. A vingt-
deux ans, il disait iî la Jeunesse bordelaise : « Il y a du péril,
j'accepte. » A quatre-vingts, il répondait aux électeurs de la
Gironde : « C'est un sacrifue, je pars. » Toute une contrée
appelait un représentant déjà honoré par elle; aucun ser-
ment n'était demandé; il s'agissait de sauver le pays.
   Il alla donc dans cette assemblée, si éclatante par sa com-
position , si énergique contre le désordre, si impuissante
contre ses propres divisions ; qui dota la France de la li-
berté d'enseignement et rendit h l'Eglise celle de son véné-
rable chef; mais qui, pressée en tous sens par les partis