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212                        ÉLOGE DE RAVEZ.

 d'une section révolutionnaire et se fait rendre deux de ses
 camarades qu'elle avait audacieusement retenus prisonniers.
    La section, irritée de ce courage, demanda au Conseil
 général de la commune la dissolution de la Société de la Jeu-
 nesse bordelaise. Le maire se rendit à Belleville et invita les
jeunes gens à se retirer volontairement, pour éviter un déchi-
 rement à la cité et un danger a leurs familles. Ravez répon-
 dit sur le champ, avec une chaleur et une élévation dignes
 de la gravité des circonstances, qu'au lieu d'engager ses
compagnons à se séparer , l'Administration devait, plus que
 jamais, les exhorter à rester unis contre les artisans de
 troubles. Les paroles de Ravez touchèrent à tel point le
maire, que ce magistrat n'insista plus. Il était venu pour
 dissoudre la Société et il se retira après avoir félicité ces
généreux champions de l'ordre (1). Ce fut un beau jour pour
la puissance de la parole et de la vérité.
    Mais le flot montait toujours. Les clubs commandèrent,
cette fois impérieusement, la dissolution de la Jeunesse bor-
delaise. La dissolution était illégale : le Conseil général de
la commune obéit.
    Triste destinée des temps d'anarchie, où il est donné
à l'écume de la société de refluer jusqu'à son sommet ! Les
Clubs dominaient les Communes comme les Communes
dominaient la Convention : et la France, comme les Com-
munes et la Convention, ne connaissait d'autres maîtres que
les ambilieux qui exploitent les passions du peuple et veulent
déshonorer son nom.
    L'arrêté de dissolution fut affiché dans Bordeaux et signifié
à la Société.
   Voici comment le Président répondit en son'nom. Ravez

  (1) Ce récit est emprunté à l'intéressant ouvrage intitulé le Barreau de
Burdiaux,   par M. Chauvot, où on peut puiser de curieux détails sur les
annales de Bordeaux, notamment à l'époque de la Révolution.